Revue des marchés de janvier 2023

Gestion de placements Canada Vie - 7 février 2023
La Banque du Canada laisse entrevoir une pause à l’horizon
Revue des marchés de janvier 2023

Introduction

Les données de janvier révèlent que les principales économies ont fait preuve de résilience en dépit de l’incertitude économique considérable et des conditions financières plus serrées. Au cours du quatrième trimestre de 2022, les États-Unis, l’Europe et la Chine ont connu une expansion économique, quoique plutôt lente. L’inflation a diminué, mais elle demeure obstinément très élevée, surtout en Europe et en Grande-Bretagne. En janvier, la Banque du Canada a relevé son taux de financement à un jour de 25 points de base pour l’établir à 4,50 %, et elle a aussi signalé son intention de marquer une pause quant aux hausses de taux d’intérêt. Aux États-Unis, en Europe et en Grande-Bretagne, les banques centrales vont annoncer en février leur première décision à l’égard des taux d’intérêt de 2023.

Les marchés boursiers internationaux ont progressé en janvier 2023, rassurés par les résultats économiques qui sont venus alimenter l’espoir que l’économie mondiale puisse échapper à une profonde récession. Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a dégagé un gain, tiré de l’avant par le secteur des technologies de l’information. Aux États-Unis, l’indice S&P 500 s’est avancé, alimenté par la solide performance du secteur des biens de consommation discrétionnaire. Sur le plan des rendements obligataires, les obligations sur 10 ans des gouvernements canadien et américain ont toutes deux reculé pendant le mois. Du côté des marchandises et métaux précieux, le prix du pétrole a chuté tandis que celui de l’or a grimpé dans le sillage de l’incertitude soulevée par la conjoncture économique.

Banque du Canada : un arrêt des hausses de taux 

Lors de sa première rencontre de 2023, la Banque du Canada a augmenté son taux de financement à un jour de 25 points de base pour l’établir à 4,50 %. Les économistes s’attendaient pour la plupart à cette hausse de 25 points de base. Il s’agissait de la huitième augmentation d’affilée de la part de la banque centrale, et de la plus basse depuis qu’elle s’est engagée dans une politique de resserrement monétaire agressive. Bien que ce ralentissement dans les hausses de taux soit lourd de sens, les commentaires de la banque laissaient également entrevoir la direction privilégiée par la Banque. Si l’on se fie à la mise à jour de son Rapport sur la politique monétaire et aux commentaires qui l’ont accompagnée, il serait possible qu’elle juge opportun de mettre un frein aux hausses de taux d’intérêt. Dans ce rapport, la Banque du Canada prévoit que l’inflation restera élevée à court terme, mais qu’elle pourrait baisser rapidement vers la fin de l’année. Cependant, les conditions financières serrées, occasionnées par le taux d’inflation élevé et les hausses de taux, risquent d’affaiblir l’économie canadienne. La banque a par ailleurs déclaré qu’elle allait fonder ses décisions futures à l’égard des taux sur la façon dont l’économie allait ou non progresser conformément à ses prévisions. Les investisseurs en ont déduit qu’il y aurait probablement une pause. Suivant l’effet qu’auront les mesures de la politique monétaire sur l’inflation et sur l’économie canadienne, la banque pourrait décider à sa prochaine réunion de mars de ne pas relever le taux d’intérêt.

Croissance de l’économie mondiale : faiblesse prévue pour 2023 

La Banque mondiale s’attend à ce que l’économie mondiale ralentisse considérablement en 2023 en réaction aux tensions géopolitiques, à la poussée des taux d’intérêt, à l’inflation encore trop élevée et à l’érosion de la confiance des consommateurs. La diminution de la demande causée par les conditions financières serrées va assurément affecter la croissance, comme on l’observe déjà dans le secteur manufacturier mondial, où les nouvelles commandes et les exportations se sont raréfiées au cours des derniers mois de 2022. Cependant, la Banque mondiale ne croit pas qu’une récession mondiale soit imminente. Dans ses plus récentes prévisions économiques, elle déclare que l’économie mondiale devrait gagner un maigre 1,7 % cette année, ce qui serait sa troisième croissance la plus basse derrière celles de 2009 et de 2020. La faiblesse de l’économie des grandes puissances, comme les États-Unis, la Chine et l’Europe, pourrait avoir des effets néfastes sur d’autres économies de la planète. L’organisation économique est d’avis que les marchés émergents risquent d’en souffrir particulièrement cette année. En raison des hausses fulgurantes des taux d’intérêt dans les pays développés, de l’incertitude des investisseurs et de l’appréhension d’un affaiblissement général des conditions économiques, les investissements se sont repliés vers les pays industrialisés, et les marchés émergents ont été privés d’investissements en provenance de l’étranger. De plus, considérant que l’activité économique mondiale devrait ralentir, les marchés émergents risquent fort d’afficher une faible croissance économique.

Chine : les déplacements entraînés par le Nouvel An lunaire relancent l’économie 

L’assouplissement des politiques en matière de COVID-19 à l’approche du Nouvel An lunaire semble avoir été une bonne solution pour faire redémarrer l’activité économique en Chine. Même si la COVID-19 continue de représenter un risque, les demandes intérieures pour aller visiter des attractions touristiques, ainsi que les dépenses, ont bondi durant le congé national. Par exemple, les hôtels ont enregistré plus de réservations au début du congé que lors de la même période en 2019, avant la pandémie. Pendant les quatre premières journées, les ventes de billets de cinéma ont atteint 3,6 milliards de yuans (700 millions $ CA), déclassant ainsi les 3,4 milliards de yuans perçus en 2019, avant la pandémie. En outre, les ventes de billets d’avion ont excédé de 400 % celles de l’année dernière. Et quand les dépenses augmentent, l’activité économique se raffermit. Les données sur les dépenses de consommation dues au Nouvel An lunaire donnent à penser que les consommateurs reprennent le temps perdu, ce qui devrait soutenir l’activité économique.

Le relâchement des restrictions sanitaires liées à la COVID-19 a donné un bon coup de pouce à l’activité commerciale chinoise. Selon l’indice général des directeurs d’achats NBS, l’activité commerciale chinoise s’est dilatée en janvier pour la première fois depuis septembre 2022, et à un rythme qu’on n’avait pas vu depuis juin 2022. L’activité commerciale a été revigorée par l’arrivée de nouvelles commandes. Cette augmentation des nouvelles commandes a par ailleurs eu des répercussions favorables sur le secteur des services qui a enregistré sa remontée la plus rapide depuis juin 2021.

Europe : les activités commerciales renouent avec la croissance 

Selon le relevé préliminaire de l’indice composite mondial des directeurs d’achat de la zone euro S&P, les activités commerciales européennes ont pris de l’expansion en janvier pour la première fois depuis juin 2022. En dépit d’une forte incertitude économique et de conditions financières extrêmement serrées, l’activité commerciale européenne semble sur le point de se stabiliser. Cependant, cela n’a pas touché tous les secteurs de l’économie de façon égale. Celui des services a joué un rôle primordial dans l’essor de janvier, tout particulièrement les secteurs des technologies et des soins de la santé. Il a aussi tiré profit de la croissance marquée des emplois. En revanche, le flux de nouvelles commandes a ralenti, mais à rythme très lent. Entretemps, les pressions sur le coût des intrants se sont relâchées en janvier, allégeant ainsi le fardeau financier des fournisseurs de services.

Le secteur manufacturier continue toutefois de se contracter, mais à son rythme le plus lent depuis août. La reprise de l’activité commerciale indique que l’économie demeure plutôt résiliente malgré les conditions financières plus serrées. Selon une estimation précoce, l’économie européenne s’est relevée de 0,1 % pendant le quatrième trimestre, ce qui a quelque peu atténué la crainte d’une possible récession.