Revue des marchés de mai 2023

Gestion de placements Canada Vie - 7 juin 2023
Pour le mois ayant pris fin le 31 mai 2023
l'architecture

Introduction

Les marchés boursiers mondiaux ont quelque peu reculé en mai. Les investisseurs ont opté pour la prudence parce qu’aux États-Unis un doute planait quant à l’entente sur le plafond de la dette alors même que les pressions inflationnistes persistaient, ce qui portait à croire que les banques centrales pourraient continuer à rehausser les taux d’intérêt. La Réserve fédérale américaine (la « Fed »), la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont toutes majoré leurs taux d’intérêt ce mois-ci.

Les données publiées au cours du mois ont révélé que le marché immobilier tant canadien qu’américain a repris son élan et que les ventes et les prix ont remonté. Le fait que la Banque du Canada (BdC) ait momentanément interrompu ses hausses de taux et la possibilité que la Fed en fasse de même a contribué à relancer la demande pour l’immobilier des deux côtés de la frontière. Au Canada, le recul du secteur immobilier de l’an passé a lourdement pesé sur la croissance économique. Les futures décisions de la BdC pourraient être influencées par le récent rebond, surtout quand on considère que les taux hypothécaires alimentent l’inflation.

Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a perdu du terrain, miné par la faiblesse des secteurs de l’énergie et des matières premières. Les actions américaines, mesurées par l’indice MSCI USA, ont fini le mois en enregistrant un gain. Le rendement à dix ans des obligations d’état canadiennes et américaines a augmenté, mais non sans avoir été chamboulé par l’incertitude entourant le plafond de la dette américaine. Les prix du pétrole et de l’or ont quant à eux pris du retard.

Accélération du taux d’inflation au Canada  

Au Canada, le taux a grimpé de manière imprévue en avril. L’inflation a atteint 4,4 % contre 4,3 % en mars. Ces données ont surpris les économistes qui s’attendaient à une hausse d’au plus 4,1 %. Le facteur derrière cette accélération était également inattendu. En effet, cette augmentation s’est produite alors que le coût des hypothèques et le prix des loyers ont été plus élevés en avril qu’en mars. Puisque la BdC a interrompu ses hausses de taux d’intérêt, le marché de l’immobilier canadien a repris de la vitesse et le volume des ventes et le prix des maisons ont monté. Tout ça a contribué à pousser vers le haut le coût des hypothèques. L’attention se tourne maintenant vers la Banque du Canada. Bien que la banque centrale canadienne semble disposée à maintenir son taux directeur à 4,50 %, elle avait néanmoins indiqué qu’elle n’hésiterait pas à faire marche arrière si l’inflation continuait à mettre l’économie du Canada en péril. Le taux d’inflation d’avril plus élevé que prévu, associé au fait que le marché de l’emploi et la croissance économique sont encore robustes, pourrait fournir à la BdC une raison de revenir sur sa décision et de relever les taux. La banque annoncera le 7 juin quel sera le prochain taux d’intérêt.

La Fed pense à faire une pause 

Tôt au mois de mai, la Fed a augmenté la fourchette cible de ses fonds fédéraux de 25 points de base, soit entre 5,00 % et 5,25 %. On s’attendait largement à cette progression, cependant les commentaires émis ensuite par la Fed ont laissé croire aux investisseurs que la période du resserrement monétaire sévère pourrait tirer à sa fin. La Fed a en effet retranché de sa déclaration une section importante parlant de la nécessité de raffermir davantage sa politique. Cette suppression laisse entrevoir que la Fed puisse faire une pause. Dans le procès-verbal publié plus tard au cours du mois, les administrateurs de la Fed semblent divisés quant à l’obligation de poursuivre les hausses de taux. Certains croient qu’elle pourrait faire une pause si l’économie progresse vers son objectif, d’autres sont d’avis que de nouvelles augmentations s’imposent, car l’inflation n’a pas assez ralenti pour atteindre la cible des 2 % de la Fed. De toute façon, la Fed se propose de surveiller étroitement l’évolution des données économiques avant d’établir sa politique monétaire.

La Fed n’a pas été la seule grande banque centrale à tenir une rencontre en mai. La BCE a augmenté son taux d’intérêt directeur de 25 points de base pour l’établir à 3,75 %, soit son plus haut taux depuis 2008. Christine Lagarde, présidente de la BCE, a déclaré que la banque centrale pourrait ne pas en avoir fini avec les hausses de taux d’intérêt, car il y a encore beaucoup à faire pour abaisser l’inflation. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a augmenté son taux de 25 points de base à 4,50 %, ce qui représente une douzième hausse de suite.

Aux États-Unis, la mésentente sur le plafond de la dette a un effet négatif 

Les marchés financiers ont été particulièrement volatils en mai, car les législateurs américains n’ont pas réussi à s’entendre sur la question du plafond de la dette américaine. Les législateurs allaient se buter à l’échéance du 1er juin. Celle-ci a par la suite été reportée au 5 juin, date à laquelle selon Janet Yellen, secrétaire au Trésor des États-Unis, le département serait à court d’argent, plaçant ainsi le gouvernement américain en situation de défaut de paiement. Le plafond de la dette des États-Unis représente la somme totale que le gouvernement peut emprunter pour honorer ses obligations, y compris les intérêts sur la dette de l’État et les prestations de sécurité sociale. Historiquement, l’accord sur le plafond de la dette américaine n’était qu’une simple formalité, mais il est récemment devenu une pomme de discorde entre les partis politiques. La perspective que l’État se retrouve en situation de défaut de paiement et incapable d’emprunter a fait craindre que l’économie américaine entre en récession, ce qui a perturbé les marchés boursiers. Heureusement, à la toute fin du mois, le président Joe Biden et le président de la chambre des représentants Kevin McCarthy en sont arrivés à un accord. Par la suite, la chambre des représentants et le Sénat ont approuvé le projet de loi, évitant ainsi un éventuel défaut du gouvernement américain.

Ralentissement des activités mondiales de production 

En raison des conditions financières serrées, qui ont plombé la demande, les activités du secteur manufacturier mondial ont ralenti au cours des quelques derniers mois. Bien qu’elles aient repris dans plusieurs pays, elles ont néanmoins été contrariées par l’amoindrissement des conditions économiques en mai. Aux États-Unis, les activités de productions se sont contractées en mai après avoir légèrement progressé en avril. Cette contraction du mois de mai est due à une diminution des nouvelles commandes et à un ralentissement de la production. En Europe, le secteur manufacturier s’est comprimé en mai pour le onzième mois de suite, et de façon plus marquée qu’en avril. La Chine, dont la robustesse économique dépend largement du secteur manufacturier, a affiché une seconde contraction de suite en mai, selon l’indice NBS des directeurs d’achat de l’industrie manufacturière chinoise. Le déclin de l’activité mondiale de production indique que la demande est mitigée, particulièrement parce que l’inflation élevée et les hausses de taux accablent les ménages et les entreprises. Selon la Banque mondiale, le secteur manufacturier représentait environ 17 % de l’économie mondiale à la fin de 2021, ce qui en fait l’un des éléments déterminants de la force ou de la faiblesse de celle-ci.