Revue des marchés de janvier 2024

Tom Fraser - 8 février 2024
Pour le mois ayant pris fin le 31  janvier 2024
Regardant les gratte-ciel contre un ciel bleu

Introduction

Les marchés boursiers ont repris leur ascension en janvier. Le sentiment du marché est resté généralement indécis pendant que les investisseurs compulsaient les données économiques et les déclarations des banques centrales et tentaient de prédire quand et de combien ces dernières réduiront les taux d’intérêt cette année. La Banque du Canada (BDC), la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont toutes opté pour le statu quo lors de leurs premières rencontres de 2024. Pour sa part, la Banque populaire de Chine a maintenu les taux préférentiels des prêts (LPR) à un an et à cinq ans, mais elle a réduit le ratio des réserves obligatoires dans le but d’accroître les liquidités.

Les États-Unis ont annoncé que leur produit national brut avait connu une expansion annualisée de 3,3 % au quatrième trimestre. En Chine, l’économie s’est améliorée de 5,2 % d’une année sur l’autre, tandis qu’en Europe, elle a fait du surplace. En janvier, la demande anémiée a continué d’affaiblir à l’échelle mondiale les secteurs de la production manufacturière et des services. L’inflation est demeurée élevée, quoiqu’elle ait suivi une courbe descendante l’an dernier.

L’indice composé S&P/TSX, mû par le secteur des technologies, s’est très légèrement relevé. Les actions américaines ont également remonté la pente. Quant aux rendements des obligations à 10 ans gouvernementales, ils ont monté au Canada, mais n’ont pour ainsi dire pas bougé aux États-Unis. Le prix du pétrole a monté en janvier, tandis que celui de l’or a reculé.

La BDC laisse entendre que les taux sont à leur sommet

Lors de sa première rencontre de 2024, la BDC a maintenu son taux directeur à un jour à 5,00 %, ce à quoi on s’attendait largement. De plus, elle a laissé entendre dans ses commentaires que les taux d’intérêt ont fort probablement atteint leur point culminant, encourageant ainsi l’espoir qu’il pourrait y avoir des réductions plus tard en 2024. Si l’économie évolue comme elle le projette, la Banque centrale du Canada indique qu’elle en aurait peut-être terminé avec les hausses de son taux directeur. Cette nouvelle a été applaudie par les investisseurs et les économistes qui ont été témoins des lourdes conséquences des conditions financières serrées sur la croissance économique canadienne. Dans son dernier Rapport sur la politique monétaire, la BDC prévoit que l’inflation restera autour de 3 % pendant le premier semestre de l’année, avant de se replier près de sa cible de 2 % en 2025. Donc, même si on mise sur une baisse des taux, il n’en demeure pas moins que la BDC estime que l’inflation est toujours une menace dont le comportement pourrait influencer l’ampleur des allégements de cette année. Néanmoins, le fléchissement de l’inflation, la mollesse de la croissance économique et le ralentissement du marché du travail pourraient pousser la BDC à faire marche arrière et à commencer à desserrer les taux.

Les consommateurs américains demeurent forts

En décembre, les consommateurs américains ont démontré leur force, bien qu’ils doivent composer avec l’augmentation des prix et du loyer de l’argent. Les dépenses personnelles ont grimpé de 0,7 % en décembre, le pourcentage le plus élevé depuis 2023, et elles ont touché tant les biens que les services. Cette avancée a été soutenue par des dépenses plus importantes en matière de services financiers, de soins de santé et de véhicules à moteur. La vigueur relative de la consommation américaine s’appuie principalement sur un marché du travail robuste dont les salaires ont monté. Le revenu personnel a gagné 0,3 % en décembre, aidé en ce sens par la hausse des salaires, de la rémunération et des revenus de placements. Bien que la demande ne s’essouffle pas, les pressions inflationnaires persistent. L’indice des dépenses de consommation personnelle (PCE) a stagné à 2,6 % d’une année sur l’autre en décembre. L’indicateur préféré de la Fed quant à l’inflation s’attarde au-dessus de la cible de 2 %, ce qui suggère que la Fed a encore du travail à faire pour venir à bout de celle-ci. L’inflation de base s’est rehaussée à 2,9 % en décembre. Pendant ce temps, le PCE mensuel a progressé pour la première fois depuis septembre 2023. À la fin du mois, la Fed a tenu sa première réunion de 2024 au cours de laquelle elle a conservé les taux de ses fonds fédéraux à l’intérieur de leur fourchette actuelle de 5,25 % à 5,50 %. La Fed a déclaré qu’elle attendrait pour assouplir les taux d’intérêt d’avoir davantage confiance que l’inflation allait bel et bien atteindre sa cible de 2 %. Ses commentaires laissent cependant entrevoir qu’elle pourrait les réduire vers la fin de l’année.

En Chine, on réclame plus de soutien

Le produit national brut de la Chine s’est amplifié de 5,2 % au quatrième trimestre de 2023 par rapport au même trimestre de l’année précédente. Bien que les principaux chiffres donnent une apparence de solidité relative, l’économie chinoise renferme des zones de faiblesse qui freinent sa croissance globale. Par conséquent, on presse de plus en plus le gouvernement et la BPC d’augmenter leur soutien fiscal et financier afin de renforcer la croissance économique. La demande a été particulièrement faible. Les restrictions sanitaires prolongées avaient empêché les ménages chinois de dépenser, et bien qu’il y ait eu une reprise marquée après le retrait de ces mesures, les dépenses sont redevenues modestes à la fin de l’année. Parallèlement, le marché immobilier de la Chine reste apathique, mis à mal par la demande raréfiée et l’endettement excessif. En dépit de l’état déplorable de ces deux éléments essentiels à l’économie chinoise, la BPC a maintenu les taux préférentiels des prêts (LPR) à un an et à cinq ans lors de sa première décision de 2024. Elle a cependant réduit ses exigences quant au ratio des réserves obligatoires des institutions financières dans l’espoir d’injecter des liquidités dans le système. Intensifier le soutien pourrait augmenter les liquidités et raviver la confiance, deux facteurs susceptibles de relancer la croissance de l’économie chinoise au cours de 2024.

La situation en mer Rouge cause des inquiétudes quant aux approvisionnements

Les perturbations qui touchent la région de la mer Rouge depuis octobre menacent les chaînes d’approvisionnement mondiales. En réponse aux tensions entre Israël et la Palestine, les rebelles Houthis ont orchestré des attaques en expédiant des vaisseaux sur la mer Rouge, ce qui a entravé la navigation dans le canal de Suez. Celui-ci est crucial pour le commerce entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Les attaques ont aussi eu des répercussions sur le trafic vers l’Amérique du Nord. Environ 12 % du commerce mondial, totalisant des milliards $ par année, emprunte cette voie d’eau. En conséquence, plusieurs compagnies maritimes ont décidé de ne plus passer par la mer Rouge. Leurs navires transitent désormais par la pointe sud de l’Afrique, ce qui rallonge d’environ deux semaines leur déplacement. Des entreprises comme BP et Tesla, entre autres, ont souffert de cette situation. BP a renoncé à transporter son pétrole par la mer Rouge, et Tesla a dû fermer une usine en Allemagne, faute de pièces. Durant la pandémie, l’inflation s’était nourrie en partie des problèmes d’approvisionnement. Ce qui se passe en mer Rouge a une incidence sur le prix du transport et risque de majorer les prix des produits, y compris ceux de l’énergie. Pendant que les banques centrales s’efforcent de faire baisser les prix, de nouveaux problèmes dans les chaînes d’approvisionnement pourraient ajouter une pression à la hausse sur les prix des consommateurs. Le prix du pétrole a augmenté en janvier.