Revue des marchés de juin 2024

Canada Vie - 5 juillet 2024

Pour le mois ayant pris fin le 30 juin 2024

Pont blanc moderne avec des nuages

Introduction

Les marchés boursiers mondiaux ont remonté la pente en juin. Les investisseurs ont adopté une posture plutôt optimiste à l’endroit des actifs risqués alors que certaines banques centrales mondiales se décidaient à réduire les taux d’intérêt. De plus, l’économie mondiale est demeurée assez résiliente en dépit de quelques problèmes. La Banque du Canada (BDC) et la Banque centrale européenne (BCE) ont abaissé leur taux directeur de 25 points de base (pb) lors de leur rencontre de juin. De leur côté, la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque d’Angleterre (BoE) et la Banque du Japon ont préféré le maintenir.

 

Bien qu’elles aient diminué dans la plupart des pays et des régions, les pressions inflationnistes persistent, de sorte que les conditions financières demeurent relativement serrées. L’activité manufacturière mondiale est restée faible en juin à cause de l’apathie de la demande mondiale. À l’inverse, le secteur des services a été plus actif dernièrement, témoignant d’un changement d’habitudes chez l’ensemble des consommateurs.

 

Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a été entraîné sur une pente descendante par le secteur des services de communication. Les actions américaines ont progressé ce mois-ci. Les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada et des États-Unis ont reculé. Le prix de l’or est resté stable tandis que celui du pétrole a monté.  

 

La BDC commence à réduire les taux d’intérêt

Lors de sa rencontre de juin, la BDC a commencé à réduire les taux d’intérêt. En réponse à l’essoufflement de l’inflation et à l’affaiblissement de la croissance économique, la BDC a soustrait 25 pb au taux des prêts au jour le jour l’amenant ainsi à 4,75 %. Il s’agissait pour la BDC de la première coupe de taux depuis 2020, époque à laquelle elle faisait face à la pandémie et à son effet de ralentissement sur l’économie. Cette diminution a par ailleurs eu lieu alors que la résilience du consommateur montre des signes d’épuisement, à cause principalement du loyer de l’argent élevé et des pressions inflationnistes considérables. Selon Statistique Canada, les ventes au détail ont chuté de 0,6 % en mai, ce qui représente un quatrième déclin pour les cinq premiers mois de 2024. La BDC est très au fait que les ménages canadiens ont besoin de soutien. Pour la BDC, il ne s’agit sans doute pas de la dernière diminution de taux de l’année. La banque centrale du Canada pense continuer à sabrer dans les taux d’intérêt, mais graduellement car l’inflation reste menaçante. En fait, l’inflation canadienne s’est accélérée en mai, confortant la BDC dans son impression que l’inflation n’atteindra pas sans heurts la cible des 2 %. Toutefois, l’économie du Canada semble avoir besoin de soutien, ce qui va probablement pousser la BDC à amoindrir les taux au moins une fois encore d’ici la fin de l’année.

 

La Fed choisit d’attendre

Au fil des mois, il est devenu de plus en plus évident que la Fed allait attendre plus tard dans l’année pour procéder à des coupes de taux. Cette hypothèse s’est confirmée lorsqu’elle a maintenu le taux des fonds fédéraux à l’intérieur d’une fourchette de 5,25 % à 5,50 % lors de sa réunion de juin. Avant de réduire les taux, les administrateurs de la Fed veulent avoir l’assurance que l’inflation va atteindre la cible des 2 % et s’y installer durablement. Qui plus est, les conditions économiques restant vigoureuses, les administrateurs croient qu’une politique de taux restrictifs s’impose encore. L’économie des États-Unis continue de croître, preuve de sa robustesse. On a craint que les conditions financières contraignantes entraînent une contraction de l’économie, mais celle-ci a jusqu’à présent échappé à la récession. Pendant ce temps, les consommateurs américains font montre de résilience en dépit du taux d’inflation et d’intérêt élevé. Malgré un léger ralentissement, le marché du travail demeure un atout pour l’économie des États-Unis. Étant donné que cette dernière résiste, on ne s’attend plus cette année qu’à une seule réduction du taux d’intérêt au lieu de trois. Il est peu probable que cela se fasse en juillet, mais cela demeure au programme de septembre. Si la Fed opte encore longtemps pour le maintien des taux et que la BDC continue de les baisser, cela pourrait exercer des pressions à la baisse sur le dollar canadien.

 

Les élections européennes créent de l’incertitude économique

Les chiffres du premier trimestre indiquaient que l’économie européenne était en voie de se stabiliser. Elle avait progressé de 0,3 % après s’être contractée de 0,1 % au trimestre précédent. L’économie européenne a été déstabilisée par les conditions financières difficiles, mais la croissance relativement robuste du premier trimestre indique que la situation s’améliore. L’activité du secteur des services a été l’un de ses piliers en 2024. La montée de la demande, et conséquemment de la production, a participé à sa progression. Cette vigueur a contribué à équilibrer la faiblesse du secteur manufacturier.

 

En juin, la BCE a porté son taux directeur à 4,25 % en en retirant 25 pb, ce qui pourrait stimuler la consommation et l’économie. Même si le progrès économique du premier semestre de 2024 a été encourageant, la suite demeure incertaine. Les élections du Parlement européen de juin ont entraîné des changements importants dans la composition et les allégeances politiques de ses membres. En fait, les résultats ont eu pour effet le déclenchement des élections en France, l’une des principales économies de l’Europe. Or, un changement de politique risque de déstabiliser l’économie de l’Union et d’en freiner encore plus la croissance. Cette incertitude a ébranlé la confiance des consommateurs et des entreprises à l’aube du second semestre. Les marchés financiers ont également été inégaux et le reste de 2024 pourrait être volatil.

  

L’économie du Royaume-Uni devra aussi relever des défis qui lui sont propres en 2024, dont des élections qui pourraient changer le cours de sa politique. La BoE a choisi de maintenir son taux directeur en juin, mais il semble probable qu’elle le baissera avec l’inflation qui recule et les conditions économiques qui pâlissent. 

 

L’OPEP+ reconsidère ses réductions de production

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+) prévoient de mettre la pédale douce sur leurs coupes de production. C’est le message le plus important qui a suivi la réunion mensuelle de juin. Dans une tentative d’équilibrer et de soutenir le marché du pétrole, l’OPEP+ avait réduit sa production depuis 2022 grâce à des mesures tant obligatoires que volontaires. De ce fait, un prix plancher avait été établi alors même que l’économie mondiale demeurait relativement résiliente et la demande robuste. Ces coupes représentaient environ 5,85 millions de barils de pétrole par jour (bpj), composés de 3,66 millions bpj de réductions obligatoires et de 2,20 bpj de réductions volontaires. Les coupes obligatoires se prolongeront jusqu’en 2025, tandis que les coupes volontaires diminueront à compter d’octobre. L’OPEP+ a cependant fait savoir qu’elle pourrait reconsidérer cette décision en fonction des conditions économiques et des changements induits par les banques centrales mondiales. Accroître la production, surtout si la demande n’augmente pas, pourrait faire baisser le prix du pétrole. Les pétrolières risqueraient d’en souffrir, mais les ménages y gagneraient au change. Depuis des décennies, le prix élevé du pétrole joue un rôle important en matière d’inflation et accapare une part considérable du budget des ménages. Toute baisse du prix du pétrole viendrait alléger les pressions inflationnistes ici, au Canada, permettrait de baisser les taux d’intérêt et remettrait de l’argent dans les poches des ménages canadiens. Le prix du pétrole a encore monté ce mois-ci.     

 


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