Revue des marchés de aout 2024

Canada Vie - 6 septembre 2024

Pour le mois ayant pris fin le 31 août 2024

Introduction 

Les marchés boursiers mondiaux ont été volatils au début du mois d’août après la publication d’un rapport mettant en évidence la faiblesse du marché du travail américain, donnée qui a fait craindre que la plus importante économie du monde puisse entrer en récession. Mais les marchés boursiers mondiaux se sont redressés et ont fini le mois en hausse, portés par la perspective que la Réserve fédérale américaine (Fed) commence à baisser les taux d’intérêt à sa réunion de septembre. Ce mois-ci, l’inflation a reculé dans plusieurs pays, notamment au Canada, aux États-Unis et en Europe. Le secteur des services a continué d’être l’un des principaux moteurs de l’activité commerciale, confirmant de ce fait que les habitudes des consommateurs en matière de dépenses ont changé partout dans le monde.  

    

L’indice composé S&P/TSX a monté au cours du mois grâce aux gains réalisés par les secteurs de l’immobilier et des technologies de l’information. Les actions américaines ont progressé. Les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada ont fait du surplace, tandis que ceux du Trésor américain ont décliné. Le prix du pétrole a augmenté, mais celui de l’or s’est replié. 

    

Les données indiquent que la banque centrale du Canada réduira encore les taux 

À mesure que les données économiques affluent, tout indique que la Banque du Canada (BDC) réduira encore les taux au cours des prochains mois. Les conditions économiques du Canada semblent ralentir et indiquer qu’un assouplissement de la politique monétaire s’impose. Le marché du travail canadien est sur la ligne de front. L’économie canadienne a perdu des emplois pour un second mois consécutif, confirmant l’hypothèse qu’elle est en train de perdre de sa vigueur. En juillet, 2 800 emplois ont été perdus, et ils s’ajoutent aux 1 400 perdus en juin. La plupart de ces pertes se sont produites dans le secteur des emplois à temps partiel en juillet. Le taux de chômage s’est maintenu à 6,4 % pour un second mois de suite, son pourcentage le plus élevé depuis janvier 2022. Le refroidissement du marché du travail et les conditions financières serrées commencent à venir à bout de la force du consommateur. Les ventes au détail ont chuté de 0,3 % en juin. Il s’agit du deuxième déclin d’affilée et de la cinquième en six mois. La croissance des prix à la consommation a décéléré en juillet. Au Canada, l’inflation a glissé à 2,5 % en juillet depuis 2,7 % en juin, soit le niveau le plus bas depuis mars 2021. Au bout du compte, l’économie canadienne s’est accrue de 2,1 % annualisée dans le deuxième trimestre de 2024. Le gouvernement et les entreprises ont dépensé davantage, mais cela a été quelque peu annulé par le ralentissement de la consommation personnelle. Tout indique que la BDC allégera encore les taux cette année. Tant les consommateurs que l’économie bénéficieront du stimulus produit par la baisse des taux d’intérêt.    

   

La faiblesse du marché du travail américain fait craindre une récession 

Au début d’août, le Bureau of Labor Statistics (BLS) — le bureau des statistiques touchant à l’emploi — a publié un rapport montrant la faiblesse du marché du travail, rapport qui a fait naître la crainte d’une récession. Sachant que l’inflation et la croissance économique ralentissent, les investisseurs se sont demandé si la Fed n’avait pas trop tardé à amoindrir les taux d’intérêt et si, à cause de cela, l’économie américaine n’allait pas connaître un atterrissage difficile. Par conséquent, les actions américaines et les bourses de partout dans le monde se sont effondrées. Toutefois, le marché boursier américain a par la suite commencé à récupérer et fini par dégager un gain au cours du mois en raison de l’espoir grandissant que la Fed sabrerait dans les taux d’intérêt à sa réunion de septembre.       

 

L’économie des États-Unis a créé 114 000 emplois en juillet, nettement moins que les 175 000 prévus par les économistes. C’est le deuxième mois de suite que les ajouts d’emplois déçoivent. Le taux de chômage du pays s’est élevé à 4,3 % pendant le mois, un plafond depuis octobre 2021. Le rapport du BLS a confirmé que le marché du travail des États-Unis se ramollit. Plus tard ce même mois, le BLS a révisé à la baisse de 818 000 le nombre d’emplois créés l’année précédente, ce qui est venu renforcer l’idée que le marché du travail n’était plus aussi fort que par le passé. Les données sur l’emploi et la décélération de l’inflation semblent avoir poussé la Fed à réduire bientôt les taux d’intérêt. Au colloque de Jackson Hole, le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré que la banque centrale américaine était sur le point de le faire.   

 

La BoE commence à relâcher sa politique monétaire 

Lors de sa rencontre d’août, la Banque d’Angleterre (BoE) a abaissé son taux directeur de 25 points de base (pb) à 5,00 %. La BoE avait fait l’objet d’une campagne agressive pour relever les taux d’intérêt alors que l’inflation, élevée depuis des décennies, exerçait une forte pression sur les ménages et les entreprises. Comme l’inflation s’essouffle et que les conditions économiques sont modestes, la BoE croit qu’il est temps d’assouplir sa politique et de stimuler l’économie du Royaume-Uni. Il s’agissait de la première diminution des taux depuis 2020. L’inflation a reculé à 2,2 % en juillet 2024, ce qui laisse croire à la BoE qu’elle est en bonne voie d’atteindre sa cible de 2 % et de s’y maintenir. La BoE reconnaît cependant que l’inflation demeure quelque peu inquiétante, puisque les tensions géopolitiques et une année plutôt basse pourraient faire monter le prix de l’énergie dans les mois à venir. La banque centrale du Royaume-Uni a encore du pain sur la planche. Celle-ci a réagi en déclarant qu’il était possible qu’elle réduise les taux cette année, mais qu’elle allait garder l’œil sur l’évolution de l’inflation et sur l’économie du Royaume-Uni. Celle-ci semble se stabiliser après avoir frôlé la récession à la fin de 2023. Selon une estimation préliminaire, l’économie du Royaume-Uni a pris 0,6 % au deuxième trimestre de 2024, grâce à la vigueur du secteur des services. Pendant ce semestre, la consommation des ménages s’est accentuée, mais lentement. Parce que les consommateurs ont besoin d’aide en cette période financièrement difficile, la BoE paraît disposée à sabrer dans les taux d’intérêt encore quelquefois en 2024 et en 2025. 

 

Les hausses de taux de la BdJ secouent le yen 

À la fin de juillet, la Banque du Japon (BdJ) a haussé son taux directeur de 15 pb à 0,25 %. Il s’agit de la deuxième augmentation de la BdJ en 2024, elle qui n’en avait opéré aucune en 17 ans. La banque centrale du Japon croit que cette augmentation de taux était justifiée par le fait que l’inflation excédait 2 % et que la situation sur le marché de l’emploi n’est pas optimale. Par ailleurs, la BdJ a fait en sorte de soutenir le yen qui a battu en retraite devant le dollar US. L’augmentation du taux a eu un effet immédiat sur le marché boursier japonais, qui s’est hissé à plus de 12 % le 5 août. Comme les taux d’intérêt étaient extrêmement bas au Japon, les investisseurs utilisaient le yen pour investir ailleurs dans des actifs à rendements supérieurs. Mais les taux d’intérêt rétrogradant, les investisseurs ont commencé à se défaire de leurs positions, ce qui a eu pour effet de pousser les marchés boursiers plus bas. Les actions japonaises ont récupéré au fil du mois, mais ce déclin a fait office de signal d’alarme pour la BdJ, à savoir si elle devait continuer à augmenter les taux d’intérêt. La banque centrale a fait savoir qu’elle pourrait le faire si les conditions économiques l’exigeaient, mais qu’elle demeurait cependant consciente d’une potentielle volatilité sur les marchés financiers du Japon, mais aussi d’ailleurs. Le yen devrait retrouver ses forces, mais les marchés boursiers japonais pourraient continuer à être volatils si la BdJ relève encore les taux d’intérêt.