Revue des marchés de août 2022

Gestion de placements Canada Vie - 8 septembre 2022
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Revue des marchés de août 2022

Introduction

Les marchés boursiers ont entamé le mois d’août avec une certaine vigueur, mais se sont affaiblis dès que la Réserve fédérale (la « Fed ») a annoncé sa décision de continuer à pousser sur les taux d’intérêt pour contrer l’inflation. Bien que celle-ci soit demeurée élevée en juillet, elle a toutefois montré des signes d’essoufflement au Canada et aux États-Unis. En Europe et au Royaume-Uni, par contre, elle s’est intensifiée, principalement en réponse à la pression exercée par la hausse du prix de l’énergie due au conflit en Ukraine. Cette montée de l’inflation a mis à mal l’activité économique en général.

Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a perdu du terrain, tiré vers le bas par les secteurs des technologies de l’information et de l’immobilier. Aux États-Unis, l’indice S&P 500 s’est incliné, et l’indice composé NASDAQ à forte teneur technologique a essuyé un revers encore plus prononcé. Sur le plan des rendements obligataires, les bons à 10 ans des gouvernements canadien et américain ont passé le fil d’arrivée mensuel dans le vert. Du côté des marchandises, les prix de l’or et du pétrole ont terminé le mois d’août à la baisse. 

Poursuite probable du resserrement par la Fed et la Banque du Canada

Bien que l’inflation se soit calmée en juillet, ne serait-ce que légèrement, les banques centrales canadiennes et américaines semblent décidées à maintenir leur politique haussière. Au Canada, l’inflation a marqué une pause à 7,6 % en juillet, comparativement au taux de 8,1 % enregistré en juin, son plus haut depuis 40 ans. Ce ralentissement a coïncidé avec la chute marquée du prix de l’essence. Cependant, la hausse des prix à la consommation ne dépend pas uniquement du coût de l’énergie.  Selon les mesures utilisées pour évaluer l’inflation moyenne de base, celle-ci a grimpé à 5,3 % en un an, comparativement à 5,2 % en juin. Tant que les prix élevés exerceront une forte pression, il y a fort à parier que la Banque du Canada continuera d’adopter des mesures sévères pour venir à bout de l’inflation.

Aux États-Unis, l’inflation a légèrement fléchi. Elle est passée de 9,1 % à 8,5 % en juillet, ce qui laisse présager qu’elle a peut-être atteint son apogée et que les prochaines augmentations du taux directeur de la Fed seront moins élevées. Selon le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale, les responsables prévoient mettre la pédale douce sur la montée des taux si l’inflation est contrôlée ou si les conditions économiques se dégradent. Toutefois, des commentaires subséquents de certains représentants de la Fed ont quelque peu refroidi cet espoir. Le président de la Réserve fédérale de Saint-Louis, James Bullard, a indiqué qu’il croyait inévitable que la prochaine réunion de la Réserve fédérale donne lieu à une nouvelle hausse de 75 points de base. Un peu plus tard, au Symposium économique de Jackson Hole, Jerome Powell, le président du conseil de la Réserve fédérale, a déclaré que cette dernière n’allait pas renoncer à combattre l’inflation et qu’il était probable que l’on décide à la proc haine réunion de relever encore une fois le taux directeur de manière importante. Quant aux futures augmentations, elles seront déterminées en fonction de l’évolution de l’inflation et des conditions économiques américaines.

Flambée du coût de l’énergie en France et en Allemagne 

La crise de l’énergie a continué de perturber l’Europe, notamment l’Allemagne dont l’économie est la plus importante de la communauté européenne. Non seulement cette crise fait-elle souffrir les consommateurs européens, mais elle a poussé l’inflation vers un sommet qui a décidé les banques centrales européennes à hausser les taux d’intérêt. En France, le prix de l’électricité a atteint un sommet inégalé en août, ce qui s’explique par le fait que l’approvisionnement en gaz naturel russe est réduit à sa portion congrue et que le nombre de centrales nucléaires n’est plus ce qu’il était. De son côté, l’Allemagne a été très durement frappée par la crise de l’énergie. Le prix de l’électricité a grimpé en août, et le coût élevé du gaz a continué à empoisonner la vie des consommateurs et à déranger les principales activités manufacturières. À mesure que l’hiver approche, cette pénurie inquiète et l’on craint que l’Europe subisse des pannes de courant récurrentes. Cependant, l’Allemagne ainsi que l’Europe s’activent à réduire leur dépendance envers le carburant russe. L’Allemagne vient de conclure avec le Canada un accord d’approvisionnement en hydrogène de cinq ans, mais la première livraison n’aura lieu que dans quelques années, ce qui ne résout en rien la pénurie immédiate. L’Union européenne (UE) a annoncé qu’elle planchait à restructurer son marché électrique, développé à l’origine dans des circonstances bien différentes. Elle espère ainsi faire régresser le prix de l’énergie.  

Au Royaume-Uni, les conditions économiques sont peu réjouissantes 

Au Royaume-Uni, les conditions économiques sont en déclin et l’avenir ne s’annonce pas meilleur. Le conflit en Ukraine, l’inflation galopante, le prix élevé de l’énergie et la hausse des taux d’intérêt gênent l’activité économique. Selon des données préliminaires, l’économie du Royaume-Uni s’est contractée de 0,1 % au cours du second trimestre de 2022, ce qui ne s’était pas produit depuis le premier trimestre de 2021. L’économie a souffert de la réduction des dépenses domestiques ce trimestre-ci, ce qui n’a rien d’étonnant compte tenu de la flambée des prix à la consommation. L’inflation a atteint 10,1 % en juillet — sa hausse la plus importante depuis février 1982 — encouragée par le prix croissant des aliments, du logement et des services publics. Naturellement, le prix de l’énergie a accentué cette montée. Comme rien ne signale que l’inflation ralentira à court terme, la Banque d’Angleterre a augmenté son taux directeur de 50 points de base à 1,75 %. Il s’agissait ainsi d’un sixième mois de hausse consécutive réalisée par la banque. Et celle-ci ne se montre guère optimiste quant à l’avenir. Elle prévoit que l’inflation atteindra 13,3 % en octobre, que l’économie du Royaume-Uni sera en récession d’ici au quatrième trimestre de 2022 et que l’activité économique pâtira pendant encore cinq trimestres. 

En Chine, réduction inattendue du taux d’intérêt pour stimuler l’économie  

Soucieuse du ralentissement considérable de l’économie chinoise, la Banque populaire de Chine (BPC) a décidé de prendre les choses en main. Au deuxième trimestre de 2022, l’économie chinoise s’est contractée, et la Chine a rapporté une baisse significative de la demande domestique et de la production industrielle. Par rapport à l’année dernière, la vente au détail a gagné 2,7 % en juillet, ce qui était inférieur aux attentes et a ralenti le taux de croissance annuelle de 3,1 % enregistré en juin. Simultanément, la Chine a signifié une croissance de 3,8 % de sa production industrielle, soit un peu moins que celle de 3,9 % en juin. Ce ralentissement s’inscrit dans un contexte dominé par les multiples confinements dus à la COVID-19, la diminution de la demande et les problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement. Pour contrer les pertes dans ces deux indicateurs économiques clés, la BPC a annoncé réduire de 10 points de base, soit à 2,75 %, son taux marginal pour des prêts d’un an à moyen terme, réduction qui a surpris les participants au marché. Puis, plus tard en août, la BPC a réduit son taux préférentiel pour les prêts ayant un terme de un an de cinq points de base, et de 15 points de base pour ceux de cinq ans. La BPC espère que cette baisse contribuera à relever les conditions économiques et à soutenir le marché de l’immobilier qui bat de l’aile depuis quelques trimestres.